Peut-on déshériter un enfant absent de la vie familiale ?

Publié le 28 août 2025

L'éloignement durable d'un descendant soulève des interrogations sur sa part successorale. Bien que l'exhérédation complète reste interdite par la loi française, des mécanismes juridiques permettent de moduler la répartition du patrimoine. Découvrez les solutions envisageables pour adapter votre transmission en fonction des situations familiales complexes.

Héritage en France : la part réservataire, une protection légale incontournable

Parlons d’abord d’une vérité juridique essentielle : en France, il est tout simplement interdit de priver totalement ses enfants de son héritage. Contrairement à d’autres pays, comme les États-Unis ou le Royaume-Uni, notre droit reconnaît et garantit ce qu’on appelle les héritiers « réservataires ». Et devinez quoi ? Vos enfants en font naturellement partie.

Ce principe se traduit par la réserve héréditaire : une part minimale de votre patrimoine qui revient obligatoirement à chacun de vos descendants, quelles que soient vos relations. Les pourcentages sont bien définis :

  • La moitié de vos biens si vous avez un seul enfant,
  • Deux tiers à partager à parts égales pour deux héritiers,
  • Trois quarts répartis entre eux à partir de trois enfants ou plus.

Le reste ? C’est ce qu’on nomme la quotité disponible. Cette portion, vous pouvez en disposer librement, en faveur de qui vous voulez… tout en restant dans le cadre de la loi.

Relations tendues ou absence de contact : des arguments juridiquement fragiles

L’éloignement géographique, le manque d’échanges ou même un conflit familial, aussi pénibles soient-ils, ne sont pas considérés comme des motifs valables pour déshériter un enfant.

La seule situation légale permettant d’exclure un héritier de la succession porte un nom : l’indignité successorale. Cette démarche est extrêmement rare et ne s’applique que dans des cas graves, prévus par l’article 726 du Code civil. Elle peut notamment concerner :

  • Une condamnation pour tentative sur votre vie,
  • Des violences ou sévices avérés à votre égard,
  • Le fait d’avoir porté contre vous des accusations graves et délibérément fausses.

Même dans ces hypothèses, l’exclusion n’est jamais automatique. Elle exige de saisir un tribunal, de fournir des preuves solides, et d’obtenir une décision de justice.

Interdit de déshériter… mais permis de réajuster

Si la loi interdit toute exclusion totale, elle propose en revanche plusieurs moyens légaux pour personnaliser la transmission de vos biens. Voici trois pistes à étudier :

  1. Bien utiliser la quotité disponible

Voyez cette part comme votre carte joker. C’est la portion de votre patrimoine que vous pouvez attribuer selon vos souhaits : à un autre membre de la famille, à un ami, à une association, ou encore à cette personne qui a toujours compté. C’est une belle façon de reconnaître les liens qui vous sont chers… en toute légalité.

  1. Jouer astucieusement avec l’assurance-vie

C’est une solution très appréciée par de nombreux Français. Les fonds placés sur un contrat d’assurance-vie peuvent être transmis au bénéficiaire choisi, en dehors des règles classiques de succession. À condition que les versements restent raisonnables, c’est un moyen efficace et autorisé pour favoriser quelqu’un qui vous est cher.

  1. Faire appel aux conseils d’un notaire

Vous avez des envies précises, une situation familiale délicate ou simplement le désir d’une transmission optimisée ? Le notaire devient alors votre meilleur partenaire. Il saura vous guider vers les instruments adaptés : donations, legs particuliers, usufruit… Le tout en assurant la régularité de vos actions et en prévenant les conflits futurs.